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Stakyprod galerie
6 décembre 2005

Technoromantisme ou faut-il sauver le chat ?

  •   Nous croulons sous nos productions : industrielles, matérielles, intellectuelles, artistiques…

 Nos besoins essentiels sont noyés par cette surproduction et nos valeurs sont laminées par cet envahissement.

  La redéfinition de nouvelles valeurs est devenue un sujet de préoccupation important pour les artistes. Ils redécouvrent les chemins romantiques de l’interrogation existentielle, de la création du sens : loin de l’art pour l’art, l’art technoromantique redéfinit aujourd’hui les contours de nos nouvelles sensibilités, de nos nouvelles perceptions, de nos prises de position sociales et environnementales.

Les artistes sont sur les barricades de la vie.

  Ils redéfinissent en temps réel, ce que seront les valeurs de la société techno-écologique qui se dessine. Le kaléidoscope de l’art contemporain combine le réalisme, l’implication sociale, la thérapie, la spiritualité renouvelée, le mixage culturel, la réappropriation du champ scientifique. Les limites de notre pouvoir technique et économique émergent, même si notre inertie, nos désirs ne nous encouragent pas à faire face à cette réalité.

 Encore un peu de faux confort, de somnolente chaleur, de paillettes chimiques, pourtant on sait bien que le monde vibre sous nos pieds. Tout près, nous vivons au rythme des inondations, tout près nous sentons nos corps et nos esprits malades, tout près les poissons ont disparu… Les injustices donnent du crédit aux utopies simplistes, mères de nouvelles barbaries. Rien n’est simple en effet, notre univers est régi par les interactions, les interdépendances, les réactions en chaînes. De jolis incendies se préparent, inévitables, le feu et l’eau vont nous réveiller de notre torpeur. Et dans l’action du feu, faudra-t-il sauver le chat ou le Rembrandt ? Faudra-t-il dans les urgences à venir, préserver la vie ou les futiles amusements que sont l’art, les jouets technologiques et toutes nos productions plus ou moins inutiles ?

 L’art est une écologie de l’esprit : les artistes posent par leurs objets, leurs gestes, les bases concrètes de nos réflexions, mais surtout de nos contradictions. De contradictions en paradoxes, nos vérités émergent dans l’inframince. Même les plus contestables propositions artistiques nous mettent face à nos vérités profondes. L’art nous montre en miroir que les prises de conscience et les changements nous appartiennent. L’idée du Technoromantisme s’insère dans cette complexité, dans un constat élargi de nos sensibilités. Il invite à une réflexion écologique, sur les limites des technosciences dans une éthique vaste de l’art. La poésie, l’ironie, le cynisme sont aussi ses armes. [...]

 Pour Beuys, l’art a une fonction de transformation spirituelle de chaque homme. Ce changement écologique est le germe d’une transformation sociale. [...]

 Olafur Eliasson est l’un des artistes qui s’inscrit certainement aujourd’hui dans cette philosophie technoromantique. [...] " Pour moi, une idée ou une vision romantique est l’expression de la croyance que cela vaut la peine de faire de l’art aujourd’hui avec un peu d’optimisme et de contenu anti-apocalyptique ". Eliasson exprime dans cette phrase son intention de rupture avec la dimension morbide qui est celle de la grande majorité de l’art contemporain actuel. Sans doute l’enfance islandaise d’Eliasson est-elle importante pour comprendre sa démarche engagée vers une écologie technologique.

 L’Islande est un pays où la nature est très présente, mais aussi où la technologie va permettre de résoudre à l’échelle du pays insulaire les problèmes de la pollution. Les voitures seront progressivement équipées de moteurs utilisant un hydrogène produit par géothermie, et donc sans aucune pollution. Eliasson souhaite nous rendre responsables et impliqués positivement dans notre vision du monde. " Le monde des musées et des expositions rend le public trop souvent passif, au lieu de l’activer. Les institutions persistent à uniformiser la pensée, à objectiver la vision par leur manière de communiquer. Si le public s’engage dans une situation stimulante, celle-ci s’engage en retour. Il s’opère une inversion du sujet et de l’objet : le spectateur devient l’objet, l’environnement devient le sujet ".

[...]

Site_non-site veut nous relier à la perception d’une planète limitée, et dont tous les points sont comme des points d’acupuncture. La planète comme un être sur lequel les interdépendances planétaires sont de plus en plus tangibles et visibles, mais restent aussi liées à des interactions invisibles, voire spirituelles. " [...] L’art c’est le manque, ou la peur du manque. L’art c’est regarder ce vide et le désir de défier le temps.

 Comment définir des œuvres d’art technoromantiques ? L’utilisation d’outils technologiques peut-il être un critère ? Certainement pas : des œuvres d’art non technologiques parlent de notre société avec parfois plus de pertinence et d’acuité que des œuvres purement techniques qui n’expriment que le totalitarisme doux de notre société de " l’information et de la communication ".

  • Les matériaux écologiques ou les thématiques environnementalistes pourraient-ils définir des œuvres technoromantiques ?
  • Des œuvres issues d’un autre âge ne seraient plus motrices de notre imaginaire, et auraient sans doute des difficultés à exprimer les complexités paradoxales de nos sentiments dans notre société, ou à se relier à nos perceptions corporelles. Pourquoi se priver de technologies, pourquoi se priver de poésie et de romantisme ?

 Les œuvres technoromantiques se définissent autour des problématiques écologiques au sens large : c’est-à-dire pas seulement la relation à la destruction de l’environnement, mais aussi au contexte social, économique et technologique.

Parlons de Technoromantisme comme désir de l’art, comme moteur de nos sensibilités et de nos prises de consciences très profondes.

Parlons de Technoromantisme comme théorie plastique, simple stimulus de nos imaginaires, il est une invitation à une prise de conscience écologique dans l’univers technoscientifique.

 

Stéphan Barron

 http://www.technoromanticism.com/fr/

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